Parcoursup est la plateforme française de préinscription en première année d’enseignement supérieur. Tous les lycéens ou étudiants en réorientation (y compris les apprentis) doivent constituer un dossier et formuler des vœux sur la plateforme. Cette procédure devenue incontournable est source de stress pour bon nombre de jeunes, mais aussi pour leurs parents.

Parcoursup n’est ni plus, ni moins qu’un outil de gestion du flux grandissant de candidats à l’enseignement supérieur.

Un outil imparfait, certes, mais un outil évitant de longues heures d’attente devant les universités pour pouvoir s’y inscrire sur la logique du « premier arrivé, premier servi » ou le tirage au sort de mise avec le précédent outil APB.

 

Alors certes, oui, Parcoursup est imparfait.  À 2 titres au moins.

Tout d’abord, l’avalanche d’infos … qui crée du stress ! Même si les informations sur la plateforme sont des informations vérifiées, comment s’y retrouver ? En 2021, Parcoursup a proposé plus de 19 500 formations (contre 13 200 en 2018) dont plus de 6 000 en apprentissage.

Des infos, des infos, des infos : en dehors de Parcoursup, salons, sites internet, réseaux sociaux, fiches ONISEP… ensevelissent les jeunes sous des flots d’informations : métiers, domaines, filières, diplômes. Pourquoi choisir telle école ou université plutôt qu’une autre ? Tel cursus plutôt qu’un autre ? « Trop d’infos tue l’info ».

 

Imparfait ensuite car le manque de places disponibles dans le supérieur crée de la frustration.

Il faut rappeler que la proportion de bacheliers ne cesse d’augmenter (82,8% en 2021 contre 25.9% en 1980) et que celle-ci concerne un nombre plus important de jeunes (baby-boom des années 2000).

Avec Parcoursup, on demande à chaque élève de formuler un projet professionnel et de se fixer des objectifs à atteindre.  Dans un premier temps, on valorise l’image d’un élève maître de son parcours mais ensuite, ils sont nombreux à faire l’expérience d’une désappropriation de ce choix, puisque d’autres paramètres entrent en ligne de compte au-delà de leur dossier : places disponibles, quotas… et les multiples refus concernant leurs différents vœux de formation peuvent être générateurs de beaucoup de déception et de renoncement. Le journaliste Denis Peiron compare la procédure à une application de rencontre. Un « Meetic de l’orientation » demandant beaucoup de travail aux élèves de terminale. Et comme avec les applications de rencontre, aucune certitude de faire un  »match », une vraie rencontre à l’issue du processus.

 

Et pourtant, non, Parcoursup n’est pas seul responsable des nombreux échecs en première année du supérieur, ni des réorientations plus ou moins tardives.

 

En effet, nous avons un vrai problème concernant l’orientation en France. Là où d’autres pays laissent le temps à leurs jeunes de mûrir et de (se) découvrir avant d’entrer dans un cursus de formation (qu’il soit général ou professionnel) en travaillant, en voyageant… la France presse ses jeunes à faire des choix sans leur donner tous les éléments pour les réaliser.

 

Si le CSA nous indique que 84% des élèves de terminale bénéficient d’un accompagnement lors de la procédure Parcoursup que cela soit au moment de l’inscription et de la création du dossier et/ou au moment de la formulation & de la confirmation des vœux, si cette démarche est sans aucun doute utile aux jeunes qui savent ce qu’ils ont envie de faire de leur vie, elle n’est rien d’autres qu’une formation à l’outil et non pas un travail d’orientation. Et elle est donc inutile à la grande majorité.

 

S’orienter, c’est prendre la bonne décision pour soi à un moment donné dans un environnement donné. Cela nécessite en premier lieu de se connaître, de se reconnaître de la valeur, puis d’avoir la capacité de choisir (et notamment d’avoir recueilli, analysé et organisé l’information), de savoir se faire connaître et d’avoir envie de se développer puisque l’environnement ne cesse d’évoluer.

 

Recueillir, d’analyser et d’organiser des informations est bien une compétence d’orientation, mais elle ne peut se réduire à des informations en ligne. Un métier, un domaine d’activités ne se résument pas – même si ces informations sont intéressantes – à un descriptif de tâches et à un salaire en début et en fin de carrière. Il est aussi question de qualités physiques, de traits de caractère, d’aptitudes psychologiques, de relations humaines… Autant de paramètres qu’un descriptif ne peut pas rendre intelligibles.

La définition de son projet professionnel par l’individu s’inscrit dans une démarche plus large que la mise en lien des seules capacités cognitives aux offres de formation accessibles. Elle nécessite une connaissance de soi dans toutes ses dimensions, de ses intelligences et compétences, de l’environnement immédiat et plus global, et une capacité à agir par soi-même.

 

Se connaître est une priorité absolue pour avoir la capacité de faire des choix éclairés.

Se connaître, c’est possible dans un environnement bienveillant, sans pression de compétition, sans comparaison.

Se connaître, c’est possible dans la diversité, dans les diversités. D’âges, d’origines, de parcours, de vies. Car non seulement, l’échange et l’interconnaissance permettent à chacun de progresser et de se construire mais la mixité éprouvée permet aussi le vivre-ensemble.

Se connaître, c’est réfléchir et passer à l’action. C’est explorer, expérimenter, s’engager. Se tromper, analyser, recommencer, comprendre.

Pour toutes ces raisons, se connaître, c’est du temps long.

 

Faire un procès de responsabilité des échecs d’orientation à Parcoursup est un faux procès.

L’orientation est un chemin et un ensemble de compétences utiles tout au long de la vie. Parcoursup n’est qu’un outil.